Cette page retrace les échanges par courriers entre les familles Hermary du Vieux Pays (France) et du nouveau monde (Canada).
S’adapter au climat
Dans son courrier du 25 janvier 1925, Emile évoque le climat et ses difficultés tout en restant positif
Ici nous n’avons pas de pluie, mais nous avons de la neige jusqu’au ventre.
…Nous allons être obligé de labourer la neige autour des bâtiments et l’enlever, autrement nous serons noyés a régale, c’est à dire en février.
..6 jours durant nous avons eu 50 sous zéro, à la maison étant sur colline, coté sud nous avons moins souffert mais ailleurs ils ont enregistré 60 et 65° sous zéro..
C’est ça le Canada! Beaucoup de neige l’hiver c’est beaucoup de grain l’été et c’est ainsi ici comme ailleurs, quand le mal est passé on y pense plus.
Dans son courrier du 30 décembre 1928, il évoque une nuit fatale pour les récoltes
Pour la première fois, nous avons une pauvre récolte, ou plutot pas de récolte. Elle était de toute beauté et 15 jours avant la moisson tout a été gelé…Cette nuit fatale a fait perdre des milliards au Canada, car la gelée fut générale.
On était trop heureux je suppose…
La crise de 1929 et ses répercussions au Canada.
Dans un courrier daté du 18 décembre 1934, Emile fait part des difficultés que lui et ses frères (Gabriel et Gilbert) rencontrent:
Mais quand retournerons-nous ? avec les affaires présentes, il n’y faut guère y songer; tous nos produits agricoles, se vendent en dessous du prix de revient et cela depuis plus de 4ans…
Il espère que 1935 sera bien meilleur
Il faut vivre avec espoir et accepter ce que Dieu nous envoie…
tout en exprimant quelques regrets sur ses choix
Si nous avions profité des bonnes années d’après guerre, nous aurions pu retourner au vieux pays; mais nous avons cru bien faire d’accaparer toutes les terres libres autour de nous, pour y installer nos enfants. Aujourd’hui nous sommes prisonniers de notre propre ambition: les taxes, les salaires, les frais généraux d’exploitation, les constructions, tout cela engloutit le peu de revenus qui nous viennent…
et quand la malchance s’ajoute au reste:
Et pour mal faire cette année nous avons eu une sécheresse qui a réduit notre récolte des 3/4. Gilbert a perdu 280 ares de blé et d’avoine par la grêle; elle ne lui a pas épargné un grain. Aussi nous aurons à lui fournir toutes ses semences le printemps prochain. Gabriel est comme nous…
…C’est la première fois que nous avons si peu de récoltes depuis que nous sommes au Canada, aussi nous ne devons pas nous plaindre.
Une nouvelle Guerre approche ?
Dans son courrier du 25 janvier 1925 évoque déjà une nouvelle Guerre
On commence à reparler à nouveau de la prochaine guerre. Je souhaite que ces bruits soient mal fondés, car on en a vu assez et le crois bien que vous ne le désirez pas non plus. Pourtant ça regarde mal en Europe pour le moment. Impossible d’empêcher cela si c’est dans les desseins du Bon Dieu.
Dans son courrier du 18 décembre 1934 Emile fait part du découragement des jeunes, des mensonges des politiques mais surtout du sentiment que la Guerre approche:
Et la guerre ? Je crois qu’on en parle plus ici qu’en France.
Guerre dont ne veut pas le peuple Canadien
Si la guerre se déclare, ils ne bougeront plus ! ah ça non!
Se batte qui veut, mais eux ils resteront neutres.
Mais quelque chose se prépare:
mais on se prépare en sourdine, pour la marine, pour l’aviation et les munitions. Que nous réserve 1935
Il termine sa lettre par message plus positif, en annonçant la naissance à venir du 19ème petit enfant du Coté de Gabriel.